Rencontre avec Claudine Gillot, une doctorante à Valaubia

Valaubia, véritable laboratoire tourné vers l’avenir ? En tant qu’acteur local, Veolia a souhaité établir un partenariat avec l’Université de Technologie de Troyes (UTT) pour son unité de valorisation énergétique (UVE) Valaubia. Un laboratoire a été mis à disposition des étudiants dans l’usine, pour réaliser leurs recherches. Interview de Claudine Gillot, doctorante à l’UTT, dont la thèse porte précisément sur l’implantation de l’UVE dans le territoire.

 

 Quel est votre parcours ?

Après une licence en biologie, j’ai obtenu mon master en ingénierie et management de l’environnement et du développement durable. J’ai souhaité intégrer l’unité de recherche interdisciplinaires sur les interactions société-technologie-environnement (InSyTE) de l’UTT, pour poursuivre en doctorat.

 Comment avez-vous connu le partenariat entre l’UTT et Valaubia ?

Justement, lorsque j’ai intégré l’unité de recherche InSyTE de l’UTT, le partenariat venait tout juste de se concrétiser avec Valaubia, puisque l’UVE était encore en phase de construction. Lorsqu’un enseignant chercheur m’a proposé d’intégrer ce projet de recherche, j’ai simplement saisi cette opportunité ! J’ai débuté ma thèse en 2020 et j’ai choisi d’axer mes recherches sur l’aménagement du territoire, pour comprendre et mesurer le service rendu par Valaubia, dans l’Aube. Comme il s’agit d’une usine très récente, entrée en exploitation en 2021, il me semblait particulièrement intéressant de lancer une étude avant/après son implantation. 

 Où en sont vos recherches aujourd’hui ?

Mon objectif est d’avoir une vision assez holistique de l’UVE. J’ai ainsi commencé par réaliser une analyse de la presse locale afin d’identifier les temps forts de la vie de l’UVE et les acteurs associés, de l’état de projet à la construction, jusqu’à sa mise en œuvre. J’ai ensuite rencontré différents acteurs – une vingtaine au total – aubois ou régionaux, pour bien identifier tous les enjeux liés à l’installation et en particulier comprendre la synergie entre territoires et industriels. La première partie consistait à réaliser des entretiens semi-directifs pour répondre à ma question de recherche : “Quelle forme d’ancrage territorial d’un service de traitement des déchets ménagers, permet une transition soutenable de la gestion des déchets du territoire ?”. Je commence aujourd’hui à analyser toutes les données récoltées. Les résultats seront présentés pour la fin de l’année, même si ma thèse se termine courant 2023. En tout, ce sont trois personnes mobilisées sur ce projet pour m’accompagner dans l’analyse des résultats et l’écriture de mon manuscrit de thèse qui sera l’aboutissement de ce travail de recherche.

Pouvez-vous d’ores et déjà nous parler de ce qui ressort, à chaud, de ces entretiens ?

Lorsque l’on discute avec les gens, on se rend compte qu’ils ont peu de connaissances finalement sur la gestion et le traitement des déchets. On retrouve ici un problème de démocratie technique : on demande aux citoyens et aux élus de se prononcer sur un sujet dont ils n’ont pas les tenants et les aboutissants. On retrouve là un problème classique de sciences politiques : il faut éduquer les citoyens pour qu’ils puissent donner leur avis. Pas de pouvoir, sans savoir. Pour qu’il y ait une démocratie des déchets, il faut une culture des déchets ; or celle-ci est taboue et le déchet demeure invisibilisé. Notre premier travail consiste donc à améliorer la connaissance citoyenne sur les flux de déchets propres à un territoire, et idéalement tenter de faire comprendre que ceux-ci constituent un « bien commun ». Il est difficile d’expliquer en quel sens l’UVE est préférable à un centre de stockage des déchets lorsque tout le monde ignore ce qu’il se passe de l’autre côté de la poubelle.

Ça fait quoi de travailler à Valaubia ?

C’est toujours impressionnant quand on y entre. J’avais pourtant déjà visité des installations, notamment des centres de tri, mais ça ne m’avait pas semblé aussi vaste qu’ici. Quand on voit ce qui entre dans l’installation et ce qui en sort, c’est vraiment beau, pourvu, du moins, qu’on soit sensible à la beauté industrielle et à l’esthétique des usines ! C’est aussi pour cela qu’il est important que le site puisse être ouvert au grand public, pour qu’un maximum de personnes vienne découvrir le parcours pédagogique pendant l’année scolaire qui vient de débuter. Si je travaille avec Valaubia, je ne travaille pas à proprement parler, au quotidien, à Valaubia, puisque mon but est précisément de renouer le dialogue entre les industriels du déchet et les acteurs du territoire. Au-delà de Valaubia, il est évident que travailler avec Veolia m’aide à mieux comprendre le traitement des déchets.